À Paris, les feux de cheminée partent en fumée

©Anna Stampfli

Les journées raccourcissent, la température tombe, et en même temps que nous remettons nos chaudières en route et rajoutons une petite laine, on se prend à lorgner du coin de l’œil la cheminée du salon en se disant que tout de même, une petite flambée dans l’appartement, ce serait bien agréable !

Depuis 2007, l’utilisation des cheminées parisiennes est tolérée, sous réserve qu’il s’agisse uniquement de chauffage d’appoint ou à des fins d’agrément. Il est par ailleurs précisé dans l’arrêté préfectoral du 24 septembre 2007, que le conduit doit être ramoné deux fois par an et que seule la combustion de bois sec est autorisée. Concrètement, on évitera de faire flamber ses ordures, vieux meubles et piles de magazines obsolètes dans son salon.

Seulement, l’utilisation d’une cheminée à foyer ouvert à des conséquences sur la qualité de l’air : la combustion de biomasse n’étant que très imparfaitement réalisée, de nombreuses particules sont émises et dégradent sensiblement l’atmosphère. Selon une étude de la commission européenne, la pollution due aux particules serait à l’origine de 42 000 décès par an, et 60% de la population française serait exposée à une qualité de l’air dégradée.

Le fait est que 27% des émissions de particules nocives en Île-de-France provient des combustions dans les foyers individuels ouverts.

Au-delà de la simple problématique de santé publique, Jeeves s’est aperçu en fouillant un peu que la France, soumise à une directive européenne de 1996 sur la qualité de l’air, est très en retard sur le sujet et s’expose à une lourde condamnation de la part de la Commission européenne. La mise en place de mesures relatives à la qualité de l’air s’inscrit donc dans un contexte européen.

Ainsi, un arrêté préfectoral en date du 25 mars 2013 dessine les nouvelles conditions d’utilisation des cheminées en Île-de-France, en distinguant trois zones : Paris intra-muros, une zone dite « sensible » correspondant approximativement à la 1ère couronne et regroupant 435 communes, et le reste de l’IDF, hors zone « sensible » et regroupant 835 communes.

A partir du 1er Janvier 2015, la combustion de bois sera totalement interdite à Paris intra-muros.

Dans la zone « sensible », les combustions dans les cheminées à foyer ouvert seront interdites également mais l’utilisation de cheminées à foyer fermé, d’inserts et de chaudières à bois seront autorisées. En effet, ces dispositifs permettent une « performance » (qualité de combustion et rendement énergétique) bien supérieure, et émettent beaucoup moins de particules nocives.

Enfin, dans le reste de l’IDF, l’utilisation des cheminées à foyer ouvert restera autorisée pour du chauffage d’appoint et de l’agrément, mais ne sera pas recommandée. Si vous désirez aller plus loin, la DRIEE (Direction Régionale et Interdépartementale de l’Energie) a publié un document qui résume bien tout cela.

La nostalgie des moments de convivialité au coin de l’âtre vous guette ? Jeeves vous invite à lire la retranscription du débat entre Monsieur Alain Gournac, sénateur des Yvelines, et Madame Batho, notre ancienne ministre de l’écologie, c’est à la fois instructif et assez amusant, notamment sur le principe de vérification de la bonne utilisation des 100 000 cheminées d’IDF !

Votre majordome, qui aime bien sa petite flambée parisienne, vous encourage donc à profiter tant que vous le pouvez encore de cette cheminée qui vous fait de l’œil, car à partir du 1er Janvier 2015, elle ne sera plus qu’un élément de décor.

Adieu crépitements, flammes et tisons !